Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
lancelot du lac.

ves : d’un côté, je sentais mon corps en danger ; de l’autre, je formais un projet dont je voulais vous entretenir. Pour ce qui est de mon corps, le danger venait de deux songes merveilleux. Dieu merci ! depuis que je vous ai convoqués, j’eus la visite d’un sage clerc qui m’a donné de ces visions une interprétation faite pour me rendre la tranquillité. Je n’ai donc à vous parler aujourd’hui que de la deuxième raison.

« J’eus autrefois en pensée, vous le savez, de déshériter le roi Artus : la paix fut faite entre nous, par la volonté de Dieu. En revenant ici, je voulais me faire couronner aux fêtes de Noël et pendant que mon seigneur le roi Artus tiendrait sa cour. J’ai encore en cela changé de résolution.

« Je vais me rendre à la cour du roi Artus ; c’est, vous ne l’ignorez pas, le plus preux des souverains : Artus réunit en lui toutes les valeurs, toutes les bontés ; nul ne peut se vanter de prouesse, s’il n’a séjourné dans sa cour. J’entends être de sa compagnie et de celle de tous les preux qui remplissent sa maison. Mais pendant mon séjour en pays étranger, ces terres ont besoin d’être tenues par un prud’homme sage, loyal et juste, auquel sera baillée mon autorité. Et comme je me méfie de ma propre sagesse, je vous de-