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songe de galehaut.

cœur à malaise. Je le dis à l’occasion du chevalier qui vient de s’éloigner, et que vous chérissez si profondément. S’il fût resté, il aurait entendu des choses qui lui auraient causé honte et chagrin de cœur. — Vous le connaissez donc, maître, pour en parler ainsi ? — Assurément, bien que personne ne m’ait appris ce qu’il pouvait être. C’est le meilleur des chevaliers vivants ; c’est le léopard de votre songe. — Mais, beau maître, le lion n’est-il pas de plus grande force que le léopard ? — Oui. — Et le lion représente le meilleur chevalier ? — Vous dites vrai. Entendez-moi à mon tour : Votre ami est le meilleur chevalier aujourd’hui vivant ; mais un autre viendra plus tard qui sera meilleur encore. — Savez-vous quel sera son nom ? — Je ne l’ai pas encore cherché. — Comment donc savez-vous qu’il sera meilleur ? — Parce qu’il doit mettre à fin les temps aventureux de la Grande-Bretagne, et occuper le dernier siége de la Table ronde. — Et pourquoi mon compagnon ne ferait-il pas tout cela ? — Parce qu’il n’est pas tel qu’il puisse le tenter sans être frappé de mort, ou sans perdre au moins l’usage de ses membres. Et la raison, c’est que votre ami n’a pas toutes les perfections de celui qui doit arriver au Saint-Graal. Le chevalier auquel est réservé cet honneur