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lancelot du lac.

vous suiviez leur exemple. — Mais si je vous apprends des choses qui seraient à votre dommage, ne vous plaindrez-vous pas plus que si je persiste à les taire ? — Non, car vous ne pouvez m’annoncer rien de plus que la mort. J’en présume déjà quelque chose ; dites le reste. — Je parlerai, mais à la condition que nul autre que vous ne sera témoin de mes paroles. » — Galehaut fit signe aux huit premiers clercs de s’éloigner : « Mais celui-ci, mon ami, mon compagnon, faut-il aussi, maître Helie, qu’il se retire ? — Sire, quand le médecin veut fermer une plaie dangereuse, il ne prend pas conseil de son cœur. Je sais que vous n’avez rien de secret pour votre ami : mais la fin de notre entretien ne supporte pas la présence d’une troisième personne. » Lancelot à ces mots se leva et sortit, plus inquiet qu’on ne saurait l’imaginer de ce que le maître de Toulouse allait dire à Galehaut.

Dès qu’il fut sorti, maître Helie reprit : « Sire, vous êtes assurément un des princes les plus sages du monde ; si vous avez fait quelques folies, ce fut par bonté de cœur et non par défaut de sens. Laissez-moi vous donner un petit enseignement profitable : Ne dites jamais à l’homme ou à la femme que vous aimez ce qui pourrait mettre son