Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 4.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.
109
la fausse genièvre.

dame qu’à la Chandeleur elle se trouve à Caradigan sur les marches d’Irlande ; j’y tiendrai ma cour avec mes barons, elle aura les siens. Mais qu’elle se garde de rien avancer sans en donner la preuve ; j’en atteste le Créateur de qui je tiens mon sceptre[1], justice terrible sera faite de celle qui aura commis la déloyauté. Vous, dame reine, préparez vos défenses pour le jour que je viens d’indiquer. — Sire, répond-elle froidement, je n’ai pas de défense à présenter ; c’est au roi qu’il convient de garder mon honneur et le sien. »

La demoiselle sortit au milieu des malédictions de tous ceux qui la rencontrèrent ; car bien qu’on ne démêlât pas encore la vérité, chacun s’accordait à dire de la véritable reine Genièvre tout le bien possible. Le roi demeura pensif, comme s’il eût craint que les lettres qu’on venait de lire ne renfermassent quelque chose de vrai. Mais le message de Galehaut réclamait une réponse il ne voulut pas tarder à la donner.

  1. « Car par le haut signor de cui je tiens le cestre par coi je soie redoutés. » C’est bien le latin sceptrum, ici romanisé dans une forme plus douce.