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les enfances.

de pouvoir sur vous ? – Voyez, » répond-il, en mettant à découvert la plaie que la demoiselle avait reçue au visage, « voyez si elle n’a pas payé assez cher le droit de me commander. — Vraiment, dit la Dame du lac, elle n’a pas perdu ses peines ; si vous vivez âge d’homme, elle entendra parler de votre prud’homie. »

La Dame du lac voulut conduire elle-même les deux enfants et Lambègue jusqu’à Tarasque. Sur ces entrefaites parut Lancelot qui venait de se réveiller, car il s’était levé de bonne heure et avait chassé toute la matinée. On se mit au souper : Lancelot, comme il en avait coutume, trancha du premier mets devant la dame et s’assit en face d’elle, les autres convives attendant pour prendre place qu’il eût pris la sienne. Il avait sur la tête un chapelet de roses vermeilles qui faisaient ressortir la beauté de ses cheveux. On était cependant alors au mois d’août, quand les roses ont cessé de fleurir ; mais, dit l’histoire, tant qu’il fut chez la Dame du lac, il ne se passa pas de jour, soit d’hiver soit d’été, que l’enfant ne trouvât en se levant au chevet de son lit un chapeau de roses fraîches et vermeilles ; si ce n’était le vendredi, la veille des grandes fêtes et le temps de carême[1]. Jamais il ne put voir qui le

  1. La Dame du lac faisait justement le contraire de saint Louis, dans une pensée également pieuse. « Le Roi, » disent les Chroniques de Saint-Denis, « faisoit