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lancelot du lac.

de leurs maîtres. Pharien, après les avoir montrés au peuple assemblé devant les murs du château, les reconduisit dans la tour. Beaucoup le blâmaient d’avoir préservé de mort le roi Claudas, et Lambègue surtout frémissait de rage en songeant à l’occasion qu’il avait perdue. Mais, dans la tour, tout respirait la joie causée par la délivrance et le retour des deux enfants.

Quand vint la nuit, à l’heure où la demoiselle Sarayde détruisait l’enchantement, les lévriers reparurent à la place de Lionel et Bohor. Qu’on se représente l’étonnement, la douleur, l’indignation des chevaliers de Gannes ! « Claudas, » crient-ils, « nous a trompés. Il faut retourner vers lui, le déchirer en mille morceaux, mettre tout à feu et à sang. » De toutes les douleurs, la plus grande fut celle de Pharien. Il tordait ses poings, déchirait ses vêtements, égratignait son visage, sanglotait et poussait des cris qu’on entendait à distance. Le bruit fut alors si général que Claudas finit par en distinguer les échos. Il demande d’où provenaient ces éclats de voix. — « De la grande tour. » Il envoie un sergent, qui revient bientôt épouvanté. « Ha ! sire, » dit-il, « montez à cheval, fuyez. Tout le peuple arrive pour abattre le palais et vous arracher la vie. Ils disent que vous avez tué les deux fils de leur ancien roi, et que vous n’avez donné que deux lévriers à leur place. » Claudas ne com-