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lancelot du lac.

frappe à deux mains de sa tranchante épée. Dorin veut parer le coup du bras gauche, la lame tranche le bras, descend sur la joue, entame la gorge ; et Bohor, levant le sceptre dont il s’est emparé, lui fait une large ouverture au front. Dorin tombe, pousse un dernier cri et meurt. Alors on n’eût pas entendu Dieu tonner. Claudas s’élance sur les enfants ; Sarayde se souvient à propos des enseignements de la Dame du lac, prononce un mot, et, par l’effet d’un enchantement, les enfants prennent l’apparence des deux lévriers, et les lévriers celle des deux enfants. Claudas que la fureur aveugle hausse l’épée devant lui ; Sarayde se jette en avant et couvre les enfants, si bien que la pointe de l’acier l’atteint et lui fend le visage, au-dessus de l’œil droit. Le sourcil en garda toujours la cicatrice. À la vue du sang qui l’inonde, elle s’effraie et pousse un cri : « Ah ! roi Claudas, vous me faites bien regretter d’être venue dans votre cour ; que vous ont pu faire les beaux lévriers qui m’accompagnaient ? »

Claudas regarde et ne voit plus devant lui que les lévriers. Les enfants lui paraissent s’enfuir ; il court vers eux, les joint, lève l’épée tranchante qui retombe sur la barre de la porte et éclate en morceaux. « Dieu soit loué ! se dit-il alors, mon arme s’est brisée avant d’avoir touché les enfants du roi Bohor de Gannes. Je n’au-