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les enfances.

ne sont pas en âge de recueillir leur droit héritage.

— Dieu me garde ! fait Claudas, je reconnais que j’ai suivi jusqu’à présent un mauvais conseil, et j’entends mieux désormais. Allez, mon connétable, à la maison des deux fils du roi Bohor, et conduisez-les ici avec leurs maîtres, dans la compagnie de chevaliers, valets et sergents. Je veux qu’on les traite en fils de roi. »

Le connétable obéit ; il arrive à la chambre des deux enfants, comme ils étaient encore émus d’un grand trouble causé par Lionel. Lionel était le cœur d’enfant le plus démesuré que l’on pût voir ; aussi Galehaut, le vaillant seigneur des Îles foraines, le surnomma-t-il Cœur sans frein, le jour qu’il fut armé chevalier.

La veille, les deux enfants assis au souper mangeaient de grand appétit et, suivant leur habitude, à la même écuelle, quand Lionel, jetant les yeux sur Pharien son maître, vit qu’il se détournait pour cacher ses larmes. « Qu’avez-vous, beau maître, à pleurer ? lui demanda-t-il. — Ne vous en souciez, répond Pharien, il ne servirait à rien de le dire. — Je le veux pourtant savoir, et, par la foi que vous me devez, je vous demande de me l’apprendre.

— Pour l’amour de Dieu, répond Pharien ; ne me contraignez pas à parler d’une chose