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les enfances.

écuyers de l’attendre, et elle avança, tenant ses lévriers avec une chaîne d’argent. Claudas était assis au milieu de ses barons ; en face de lui Dorin son fils qu’il venait enfin d’adouber. À cette occasion, contre son ordinaire, il avait fait de grandes largesses ; car son voyage à la cour d’Artus lui avait fait sentir les avantages de la libéralité.

Tout-à-coup entre dans la salle la demoiselle du lac. Elle traverse les rangs qui la séparaient du fauteuil de Claudas : « Roi, dit-elle, Dieu te sauve ! La plus grande dame du monde m’envoie vers toi ; elle t’estimait jusqu’à présent à l’égal des plus grands princes ; mais je serai forcée de lui dire qu’il y a plus à blâmer en toi qu’à louer, et que tu n’as pas moitié du sens, de la prouesse et de la courtoisie qu’elle supposait.

— Soyez, demoiselle, la bienvenue ! répondit Claudas. La dame qui vous envoie peut avoir entendu dire de moi plus de bien qu’il n’y a ; mais, si je savais en quoi elle s’est méprise, je travaillerais à m’amender. Dites-moi, par la chose que vous aimez le mieux, pourquoi je devrai perdre ses bonnes grâces.

— Vous m’avez conjurée de façon à me contraindre à parler. Oui, l’on avait dit à ma dame que nul ne vous surpassait en sens, débonnaireté, courtoisie ; elle m’avait envoyée