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lancelot du lac.

yeux, la bouche, avec la tendresse d’une mère. « Consolez-vous, beau fils, dit-elle ; je vous permets de donner à l’avenir roncin, venaison, tout ce qu’il vous plaira. Vous auriez quarante ans au lieu de douze, qu’encore seriez-vous à louer d’avoir fait abandon largement de ce que vous aviez. Soyez maintenant votre seigneur et maître ; vous êtes en état de choisir entre le bien et le mal. Si vous n’êtes pas fils de roi, au moins avez-vous le cœur d’un roi. »

Ici le conte laisse un peu Lancelot pour revenir à la reine sa mère et à sa tante la reine de Gannes, qui sont demeurées tristes et résignées dans le Moutier-Royal.


IX.


Chaque jour, après la messe, la reine Hélène de Benoïc allait prier sur la montagne où le roi Bohor avait rendu son âme à Dieu ; puis elle revenait s’asseoir tristement devant le lac où son enfant lui avait été ravi. Un jour que ses yeux noyés dans les larmes demeuraient attachés sur cette grande plaine liquide, un homme de religion, qui chevauchait accompagné d’un seul sergent, vint à l’apercevoir. Il était vêtu d’une