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lancelot du lac.

chambre et le désarme, sans permettre de le toucher à d’autres qu’à ses demoiselles. Elle lui lave les mains, le cou, le visage. Elle passe sur ses épaules un riche manteau, et plus elle le regarde, plus elle est émue, enivrée. « Ah ! » pensait-elle, combien de bontés, combien de beautés ! Dieu pouvait-il se montrer envers homme plus débonnaire ? » Mais le premier soin d’Hector est de rappeler à Marganor qu’il doit rendre les deux chevaliers de la maison d’Artus. Le sénéchal donne ordre de les amener ; Sagremor et messire Yvain arrivent et demandent quel est celui qui les a délivrés ; on leur nomme Hector, ils paraissent surpris de n’avoir pas encore entendu parler d’un chevalier de ce nom. Mais quand il leur dit qu’il vient de Roestoc, ils échangent un sourire d’intelligence qui n’échappe pas à l’attention d’Hector : « Nous songeons, disent-ils, à un chevalier qui nous a naguère assez durement traités, moi, Giflet et Keu, en présence de messire Gauvain, tout en se laissant lui-même assez malmener par un nain. — Eh bien ! dit Hector, mieux ne lui valait-il pas supporter les coups du nain que jouter contre messire Gauvain ? Cette réponse accrut encore la haute estime qu’ils faisaient du chevalier. « Sire, dit Yvain, vous nous avez dit que vous étiez à la reine Genièvre ; l’avez-vous quittée depuis longtemps ? — Non,