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lancelot du lac.

rien, je ne laisserai personne prendre un écu pour défendre mon droit en ma place. Voici mon gage : je suis prêt à prouver que je ne fis jamais trahison.

— Vous n’avez donc pas nourri secrètement les fils de Bohor ?

– Eh ! qu’importe, dit Lambegue, qu’il les ait ou non recueillis ? Nourrir deux enfants, est-ce un cas de trahison ?

— C’est là pourtant ce qui le fait accuser, dit Claudas. Il faut qu’il le nie ou le reconnaisse.

— Eh bien reprit Lambegue, si l’on dit que ce soit un cas de trahison, je suis prêt à le démentir. Voyons, est-il ici quelqu’un prêt à soutenir que recueillir les fils d’un ancien seigneur soit forfaiture ? »

Le chevalier, voyant l’assemblée applaudir à ces paroles de Lambegue, ne répondait pas : « Comment dit Claudas, pensez-vous ne pas aller plus loin ? » Alors le chevalier déposa son gage, Pharien tendit le sien, et ils allèrent s’armer. Mais, avant d’entrer dans la lice, le sénéchal avertit Lambegue de regagner sa maison sans perdre de temps, et de conduire les deux enfants à l’abbaye où la reine Hélène leur mère avait revêtu les draps de religion. Lambegue obéit, et déjà suivait avec les deux enfants le chemin de Moutier royal, quand Pharien com-