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lancelot du lac.

murs, et, avec l’aide de Dieu, nous parvînmes à ramener les troupeaux. La joie fut grande au retour : mes compagnons me donnèrent la plus grande part à leur victoire, si bien qu’ils conseillèrent à leur dame de me prendre pour époux. C’était là justement ce qu’elle souhaitait, mais elle jugea plus à propos de dissimuler : elle fit semblant d’y être peu disposée, et voulut que chacun d’eux lui dît par serment ce qu’ils en pensaient. Comme elle en avait l’espoir, ils s’accordèrent à louer le mariage proposé, et elle ne parut me choisir que par déférence pour leur avis. Quand ses parents apprirent son mariage, ils m’envoyèrent défier. Jusqu’à présent, je m’étais assez bien gardé ; mais apprenant ce matin que j’étais sorti, seulement accompagné de trois chevaliers, à l’heure où madame avait coutume d’aller au moutier pour y lire ses heures, quatorze d’entre eux se mirent à ma poursuite, et les autres attendirent madame à la sortie du moutier : ils l’emmenaient quand vous les avez arrêtés, ainsi que vient de me l’apprendre l’écuyer votre guide. Vous avez tué celui dont ils suivaient les ordres, c’est un puissant chevalier dont la mort entraînera sans doute des représailles ; puis, vous êtes venu me porter le secours dont j’avais tant besoin. Grâces vous en soient rendues, seigneur chevalier ! À qui dois-je un si généreux service ? »