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aventures d’hector.

guerre : parents, voisins, tous sont armés les uns contre les autres ; je suis moi-même sur la défensive avec ceux qui devraient être mes amis. Voici à quelle occasion : quand le père de la dame que vous avez secourue avait vu le moment de sa mort approcher, il avait appelé sa fille unique et lui avait fait promettre sur les reliques de ne prendre conseil pour se marier que de ses hommes-liges[1], et de choisir celui que sa prouesse aurait le mieux recommandé. La demoiselle entendit de moi plus de bien qu’il n’y en avait, et me donna son amour. Je travaillai de mon mieux à m’en rendre plus digne. Un jour, ses parents, qui ne tenaient rien d’elle, vinrent lui proposer un époux : elle les reçut assez mal et répondit qu’elle entendait se marier non à leur choix, mais au sien. La réponse les irrita grandement : ils menacèrent de lui enlever son héritage, et se mirent à faire des courses sur ses terres. Un jour, ils surprirent la proie[2] qui venait de sortir du château : averti bientôt par le cri des pâtres, je fis armer les vingt-sept chevaliers chargés de la garde des

  1. Apparemment parce que leurs devoirs à son égard ne leur auraient pas permis de la contraindre, et parce qu’ils avaient un intérêt réel à ce que leur suzerain fût homme à bien défendre sa terre et ses vassaux.
  2. Proie, dans le véritable sens qu’il avait encore, répond à prœdium, le bétail.