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lancelot du lac.

car il lui est réservé d’achever votre guérison. Son nom est Laucelot du Lac, le fils du roi Ban de Benoïc.

« Maintenant, frère, me direz-vous encore quelles étaient ces dames qui vous ont ainsi maltraité ?

— « Oui, car je crois bien le savoir. Un jour j’avais combattu et mortellement navré un chevalier qui avait en garde une demoiselle. Outrée de douleur, la demoiselle me dit qu’avant la fin de l’année elle saurait bien venger son ami. Une autre fois, j’étais entré dans la forêt de Broceliande[1], cherchant aventure. J’y rencontrai une dame d’une grande beauté, et je l’arrêtai par le frein. Un chevalier qui l’avait en garde voulut la défendre, je l’abattis de cheval et le laissai assez mal en point. Puis je fis descendre la dame et la conduisis dans un épais fourré, avec l’intention d’en prendre mon plaisir. Elle essaya de résister, mais elle ne put m’empêcher de l’étendre sur l’herbe et de la découvrir. Je vis alors sa chair parsemée de clous et de rognes et je n’allai pas plus avant. Oh, par Dieu ! dis-je en me redressant, vous n’aviez pas besoin de tant vous défendre : j’aimerais mieux avoir affaire à la plus vilaine lépreuse. Honni le chevalier qui vous prendra

  1. Variante, Landebelle. (Msc. 751, fo 112.)