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la demoiselle à l’épée.

dit-il, qu’on lit sur la lame[1] ne donnent pas le change, elle serait destinée à quelque bachelier de haute espérance. Maintenant, elle est des meilleures, mais elle doit perdre de jour en jour quelque chose de sa vertu, tandis que le chevalier qui la portera doit croître en prouesse dans la même proportion. — Personne, dit la demoiselle, ne saurait mieux en disposer que vous. — Au moins, reprend messire Gauvain, je sais à quel bachelier elle pourra convenir. » Il entendait le jeune Hector qu’il avait vu chez la dame de Roestoc ; l’épée lui fut en effet portée à quelques jours de là par un chevalier que messire Gauvain allait combattre au carrefour des Sept-Voies et recevoir à merci.

« Ma sœur, » dit à son tour l’autre demoiselle, avait chargé votre frère Agravain de vous la faire tenir, pour lui donner occasion de vous parler d’elle. — J’en sais beaucoup de gré à votre sœur, répond messire Gauvain. Quant au vainqueur des deux assemblées, c’est assurément le meilleur chevalier que j’aie vu de ma vie, et c’est de lui que je suis en quête. Si je puis le trouver, je vous l’amènerai, Agravain,

  1. Les épées de choix portaient alors des lettres tracées près de la poignée et rappelant soit le nom de l’ouvrier, soit la bonté de la lame. De là l’expression si fréquente dans les anciens romans et chansons de geste : épée lettrée.