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lancelot du lac.

revenue ? — Non je ne suis pas allée si loin ; mais j’ai ramené un chevalier qui pourrait bien être l’un des deux que je cherchais. Voyez plutôt. » Et elle souleva la tête du malade. Déjà, un des dix agresseurs était étendu sans vie ; deux étaient navrés, les autres paraissaient incertains de ce qu’ils feraient. « Ah ! les fils de putain, s’écrie le malade qui ne peuvent à dix outrer un seul chevalier ! » Et il laisse retomber sa tête sur l’oreiller, avec grands soupirs. Or messire Gauvain avait eu soin de prendre pour appui une porte fermée. Tout à coup il sent que la porte cède ; la demoiselle à la chaire paraît, les chevaliers reculent de quelques pas. Elle prend Gauvain par le poing et veut lui ôter son épée. — « Que faites-vous, demoiselle ? dit messire Gauvain, je n’eus jamais plus besoin de mon arme. » Et il ne la cédait pas. Elle fait signe aux chevaliers, qui recommencent une lutte ardente : ils frappent rudement sur le heaume et le haubert, tout en prenant garde de ne pas toucher la demoiselle qui retenait toujours la main de messire Gauvain. Celui-ci lui abandonne enfin l’épée et, rassemblant toutes ses forces frappe des poings et des pieds, terrasse un des sept qui restaient, lui arrache son arme et tient les autres en respect. Midi venait d’arriver, l’heure où ses forces étaient ordinairement doublées. La demoiselle le vient encore