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gauvain et le chevalier alité.

valiers armés de toutes armes, le heaume excepté. Le plus grand se tournant vers Gauvain : « Si vous avez intention de nous combattre, dit-il, il faut nous le promettre avant d’ouvrir ces courtines. — « De grand cœur je le promets, » et messire Gauvain va aussitôt ouvrir les rideaux. Il voit étendu dans le lit un beau chevalier mais de grandes plaies crevées sur son bras gauche et sa jambe droite répandaient autour de lui une puanteur insupportable. « Quel dommage s’écrie-t-il, d’un chevalier si beau, si bien taillé ! — Vous le plaindriez plus encore, reprend la pucelle, si vous connaissiez sa prouesse. » Et comme elle refermait la courtine, messire Gauvain se tourne et voit les dix chevaliers lacer les heaumes. « Vous pourriez, lui dit la demoiselle, éviter un combat aussi inégal, en payant le droit. — Quel droit entendez-vous ? — Plein heaume de votre sang. — À Dieu ne plaise ! j’aimerais mieux répondre à vingt ennemis. Sauf chevalier ou demoiselle, maudit qui peut demander un pareil droit »

Les dix chevaliers fondent alors ensemble sur lui. Il soutient leur choc sans désavantage ; ils avançaient, reculaient, essayaient en vain d’entamer ses armes. Pendant qu’ils chamaillaient, le malade se réveille et entrevoyant la pucelle à l’épée : « Ah s’écrie-t-il, je vous avais prié d’aller à la cour du roi Artus ; seriez-vous déjà