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lancelot du lac.

— Sire, au nom du ciel, dit Hector à Gauvain, ne lui répondez pas. »

Comme ils approchaient de Roestoc, et qu’ils dînaient auprès d’une belle fontaine, le nain appelle la pucelle qui lui avait apporté les lettres, et l’avertit d’aller prévenir la dame de Roestoc de leur prochaine arrivée. « Vous la prierez aussi de venir au-devant de nous, pour obtenir de ma nièce qu’elle laisse Hector combattre Segurade ; car Madame n’aurait qu’une piteuse assistance du champion que je lui amène. »

La pucelle obéit, et la dame de Roestoc arriva sur un palefroi amblant, accompagnée de son sénéchal et de nombreux chevaliers. Grohadain le nain après l’avoir saluée dit : « Ma dame, j’ai honte de n’avoir pas mieux trouvé que ce chevalier. — Il n’y a pas grand mal, répond la dame, si votre belle nièce veut bien, pour l’amour de moi, permettre à son ami le preux Hector de prendre en main ma défense. — Pour cela, Madame, répond la nièce, ne l’espérez pas ; ce serait envoyer mon ami à la mort, et j’aimerais mieux renier Dieu. — Ainsi, reprit la dame, me voilà chétive et délaissée — Oh ! Madame, dit le bon sénéchal, ne désespérez pas. Le champion qui consent à vous défendre est de haute mine, et s’il n’était prud’homme il ne vous offrirait pas de jouter contre Segurade. Pensez à le remercier. »