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lancelot du lac.

rir inutilement, je vais lui conduire ce chevalier, tout vil et méprisable qu’il soit. »

Gauvain souriait, Hector souffrait pour lui. On apporte les armes, la demoiselle et les pucelles en revêtent nos deux chevaliers. « Vous espérez apparemment séjourner, dit le nain à Gauvain, pour défaut de cheval ; mais je vous en donnerai un meilleur que le vôtre. » Le cheval arrive, gros, fort et bien taillé. Tous montent ; Gauvain, Hector, le nain, la demoiselle et ses pucelles ; trois écuyers portent les écus et une liasse de lances.

Le château de Roestoc où ils se rendaient était éloigné de plusieurs journées. En passant un cours d’eau, ils voient avancer vers eux deux chevaliers armés et trois sergents portant haubergeon, hache et épée. « Voilà les gens de Segurade, dit le nain ils gardent les marches de la terre de Madame. Défendez-nous, Hector : car, pour ce mauvais chevalier, il vaudrait bien autant qu’une chambrière. » Hector obtient l’agrément de son amie, prend de ses mains l’écu, saisit un glaive et attend au passage d’une haie les chevaliers de Segurade. Le combat ne fut pas long : le premier fut lancé rudement à terre ; les autres, voyant Hector mettre la main à l’épée, prirent ensemble la fuite.

« Hector, dit alors le nain, vous êtes un prud’homme. Et que serions-nous devenus si nous