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hector, le nain et sa nièce.

comme tu as vu. Il n’avait garde de résister, car il sait que je puis décider de son malheur ou de sa joie.

« Voilà, je pense, continua le nain, ce que tu désirais savoir. Maintenant, tu as promis de combattre un chevalier plus fort que lui, c’est-à-dire Segurade, qui a le droit pour lui, puisqu’il ne fait que répondre au défi de chevaliers qui n’ont rien à lui reprocher. Mais je n’ai pas la moindre confiance dans ta prouesse ; et je te crois plutôt le dernier et le plus vil des hommes. »

Messire Gauvain le laissa dire et le détacha du poteau, tout en ayant grand regret de son cheval. Un valet vint avertir que le souper était prêt : le nain se mit à table et fit signe à messire Gauvain de prendre place à son côté. Les nappes ôtées, et comme on allait se lever, une pucelle descendit de son palefroi à l’entrée du pavillon, et vint présenter des lettres au nain.

« En vérité, » dit-il après avoir brisé la cire et lu, « les femmes sont étranges. Ma dame ne m’ordonne-t-elle pas de courir sans délai à la recherche du roi Artus, et de lui amener messire Gauvain pour champion ! Que j’aie le temps d’aller et venir, peu lui importe que je trouve messire Gauvain qui ne vient pas dans l’année trois fois en cour, elle n’en fait pas le moindre doute. Par mon Dieu ! au lieu de cou-