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lancelot du lac.

n’ai pas manqué la messe une seule fois dans ma vie. Il prit ses armes et les fit porter du château où nous étions à la fontaine du Pin, sans m’en prévenir. Mais ma nièce l’avait vu sortir ; elle accourut au moutier, et m’indiqua l’endroit où il ne devait pas manquer de se rendre, en mémoire de son rêve. Moi, ne voulant pas perdre ma messe, je fis avertir un de mes écuyers de monter mon meilleur coureur, et d’aller poser autour du pin un faisceau de lances, et sur une branche l’écu noir goutté d’argent. Car je prévoyais, qu’en voyant les lances et l’écu, Hector n’irait pas chercher plus loin Segurade, et qu’il se contenterait de l’attendre. L’écuyer arriva le premier, et quand Hector passa avec l’intention d’aller trouver Segurade, il remarqua le faisceau de lances de son rêve, et s’arrêta, persuadé que là devait avoir lieu l’assemblée qu’il attendait. Puis, en jetant les yeux sur l’écu goutté d’argent, il crut voir l’accomplissement du présage sinistre de la nue semée d’étoiles sans éclat, et il pleura d’avoir, en allant combattre Segurade, provoqué le courroux de son amie. Mais la victoire que la vision lui avait promise lui rendait l’espérance et sa première gaieté. Pour moi, dès que j’eus entendu la messe, je montai et j’arrivai à la fontaine où, l’ayant retrouvé, je l’ai châtié, battu, ramené