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lancelot du lac.

valier ! — Demoiselle, que je sois ou non de ceux-là, veuillez me dire quel est ce bon chevalier, et pourquoi il se laissait frapper par un vilain nain. — Taisez-vous ! vous êtes, je le vois, de ceux que j’ai dit. Dieu vous envoie honte ! » Et comme elle achevait ces mots, messire Gauvain sentit son cheval bondir sous lui, et tomber sans vie. Il regarde et voit le nain qui avait enfoncé dans les flancs de l’animal une longue épée. Outré de colère, messire Gauvain se débarrasse, saisit le nain, le frappe du poing, le soulève et l’attache avec son licou à l’une des colonnes du pavillon : « Ah ! criait le monstre, ma mère me l’avait bien dit. — Qu’avait-elle dit, ta mère ? — Que je serais tué par une méchante merde, la plus puante du monde. — C’est fort bien ; tu es mort en effet, si tu ne dis quel est ce chevalier qui pleurait et riait, et qui s’est laissé battre par toi. — Je le dirai, si tu promets de combattre contre un meilleur que lui, et qui aura pour lui le droit. » Gauvain réfléchit un instant, il sentait le danger de soutenir une mauvaise cause ; mais il désirait tant de faire parler le nain qu’il promit ce qu’on lui demandait.

Le nain alors : « Ce chevalier se nomme Hector, et sa prouesse est déjà bien éprouvée. Laissez votre miroir, pucelle, et allez le quérir. » La pucelle obéit, lève un pan de la tente,