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la reine aux grandes douleurs.

Uter-Pendragon eut appris les moyens de tromper la duchesse, Merlin s’en alla demeurer dans les forêts profondes. Il avait les inclinations déloyales et trompeuses de son père, et comme lui possédait tous les secrets de la science humaine. Or, sur les marches de la Petite-Bretagne, était une demoiselle de grande beauté, nommée Viviane ; Merlin conçut pour elle un violent amour, il vint aux lieux qu’elle habitait, et la visita de jour et de nuit. Elle était sage et bien apprise ; tout en se défendant de ses entreprises, elle sut lui arracher l’aveu de sa science. « Je suis prête, lui dit-elle, à faire ce que vous demanderez de moi, si vous m’apprenez une partie de vos secrets. » Merlin, que l’amour rendait aveugle, consentit à lui dire de bouche tout ce qu’elle voudrait savoir. « Enseignez-moi d’abord, fit-elle, comment, par la vertu des paroles, je pourrais fermer une enceinte que personne n’apercevrait, et dont on ne pourrait sortir. — Ensuite, comment je pourrais tenir un homme aussi longtemps endormi qu’il me plairait. — Mais, dit Merlin, quel besoin avez-vous de pareils secrets ? — Pour en user envers mon père ; car, s’il venait jamais à découvrir que vous ou tout autre eût partagé mon lit, il me tuerait. Vous voyez combien il m’importe de connaître un moyen de l’endormir. »

Merlin lui enseigna l’un et l’autre secret qu’elle