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lancelot du lac.

naître. » Galehaut appelant alors son sénéchal : « Je vous avertirai bientôt, lui dit-il, de venir me joindre dans le camp du roi ; vous prendrez avec vous mon compagnon, sans vous laisser approcher l’un ou l’autre. — Je ferai votre plaisir. » Puis il se rend chez le roi, et dès que la reine le voit : « Quelles nouvelles ? — Dame, assez bonnes. La fleur des chevaliers est arrivée. — Je pourrai donc le voir sans que nul autre que vous le sache ? — Ainsi l’entendons-nous : il a toutes les peurs du monde d’être reconnu. — Il était donc déjà venu en cour ? Cela redouble mon désir de le voir. — Madame, il viendra cette nuit même, à la chute du jour. Voyez-vous là-bas, dans les prés, cet endroit ombragé d’arbrisseaux ? Nous pourrons nous y arrêter en petite compagnie. — Galehaut, vous parlez bien : plût à Dieu que la nuit fût déjà proche ! » Ils se mettent à rire, la reine lui prend les mains, et la dame de Malehaut, qui les suit de l’œil, remarque que l’intimité s’est faite entre eux bien vite.

Dans son impatience de voir arriver la fin du jour, la reine va et vient, parle et folâtre, pour tromper le temps. Après souper, aux premières approches de la nuit, elle prend Galehaut par les mains en faisant signe à la dame de Malehaut et à Laure de Carduel de l’accompagner. Ils se dirigent vers l’endroit désigné et, tout en mar-