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lancelot du lac.

justement prisé et le mieux aimé de ses gens ; comme celui qui sait distinguer les preux entre tous, ainsi que nous avons vu. » — Galehaut lui demandant comment il se trouvait : — « J’ai été près de la mort, mais la joie de notre accommodement m’a guéri. »

Ils passèrent ainsi la journée ; le roi, la reine et Gauvain ne croyaient jamais pouvoir assez bien recevoir Galehaut ; ils ne lui parlèrent pas de son ami le Noir chevalier. Vers le soir, Galehaut dit à celui-ci : « Le roi m’a fortement pressé de lui revenir : mais j’aimerais bien mieux demeurer avec vous. — Ah ! sire, faites plutôt ce que vous demande le roi : il pourra vous conjurer de lui dire mon nom ; n’insistez pas pour le savoir, avant que moi-même je ne vous l’apprenne. — Je vous obéirai à regret : c’est la première chose que je vous eusse demandée. Quant au roi Artus, c’est le plus preux, le plus loyal des rois ; et mon seul regret est de ne l’avoir pas connu plus tôt, lui, son neveu messire Gauvain, et madame la reine, la plus vaillante dame du monde. »

En entendant parler de la reine, le Bon chevalier baisse la tête et s’oublie au point de laisser couler ses larmes. Galehaut s’en aperçoit et cherche à le distraire d’une pensée qu’il ne devinait pas encore. « Cher sire, lui dit le Bon chevalier, allez retrouver le roi et monseigneur Gau-