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les nouvelles assemblées.

bles prouesses. Sans broncher une seule fois, il abat, il démonte quiconque ose affronter le fer de sa lance ou l’acier de son épée ; il voit tomber, sans tomber lui-même, et son cheval et les trois chevaux, présent de monseigneur Gauvain ; il brise ses dix lances ; vingt fois les échelles et l’armée du roi Artus, obligées de céder devant des masses plus épaisses, sont par lui ramenées et reprennent l’avantage. Enfin, il venait de quitter son dernier cheval mortellement frappé enfermé dans un profond cercle d’ennemis, il avait devancé ses plus hardis compagnons, Keu le sénéchal, Sagremor le desréé, Giflet fils de Do, Yvain l’avoutre, Brandelis et Gaheriet ; quand le prince Galehaut, auquel on vint raconter tant de beaux faits d’armes, pousse son cheval au milieu des batailles, et parvient jusqu’à lui ; il le voit entouré d’ennemis qu’il retenait à distance. « Chevalier, dit-il, vous n’avez rien à craindre. — Je le sais, répond-il fièrement. — Je viens défendre à mes chevaliers de vous attaquer, tant que vous serez à pied. Prenez mon cheval ; je veux cette fois être votre écuyer. — Grand merci, sire ! » Et, montant aussitôt, il broche des éperons ; on lui ouvre passage, et il rejoint les bataillons d’Artus qui, ranimés par sa présence, obligent les échelles opposées à reculer en désordre. Galehaut suivait le Noir chevalier dans ses nom-