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la dame de malehaut.

maintenant ne doit plus me retenir, et je vous demande congé. »

Les instances de la reine ne lui permirent pas de partir avant le troisième jour : mais il lui tardait bien de revoir le beau chevalier qu’elle gardait et que tant d’autres eussent désiré posséder. À peine arrivée, elle le fit sortir de la geôle, et d’un air affectueux : « Sire chevalier, dit-elle, je viens d’en apprendre tant de vous que je me sens toute disposée à vous mettre en liberté. Je vous laisse le choix de trois rançons. — Dame, dites votre plaisir. — Écoutez-moi donc :

« Vous me direz ou qui vous êtes et quel est votre nom, — ou quelle est la dame que vous aimez d’amour, — ou si vous comptez faire à la prochaine assemblée autant d’armes que dans la précédente.

« — Ah ! dame, c’est me causer un grand ennui de me soumettre à un pareil choix. Quand vous m’aurez fait parler à contre-cœur, quelle sûreté me donnerez-vous de ma délivrance ?

« — Les portes de la geôle et de ma maison vous seront ouvertes ; je vous le promets.

« — Je vais donc parler comme je n’aurais jamais voulu le faire. Je ne vous dirai pas mon nom, et, si j’aime d’amour, ce n’est pas de moi que vous l’apprendrez ; mais j’avouerai, puisqu’il le faut, que je compte, à la première