Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
lancelot du lac.

cueillit, ainsi que la reine, avec tous les honneurs possibles. Il n’y eut pas un seul de ses chevaliers, une seule de ses dames, qui ne reçût les plus beaux dons. La reine voulut même qu’elle n’eût d’autre hôtel que le sien, tant on lui savait gré du secours qu’elle avait envoyé à la dernière assemblée.

Le lendemain, le roi voulut savoir le motif de son voyage. « Sire, répondit-elle, j’ai une cousine dont l’héritage est menacé par un voisin redoutable pour sa vaillance personnelle et pour sa nombreuse parenté ; nul n’ose se mesurer à lui, et je viens vous prier de me donner pour champion le Chevalier aux armes vermeilles, qui l’autre jour fit tant de belles armes.

« — Belle douce amie, répondit le roi, j’en atteste madame la reine, la chose que j’aime le plus au monde ; je ne sais rien de ce chevalier. Il n’est de ma maison ni de ma terre, et mon plus grand désir serait de le voir et de me l’attacher. »

Ici, la dame de Malehaut ne put s’empêcher de sourire ; la reine s’en aperçut et lui dit : « En vérité, je crois que vous savez mieux que nous quel est ce chevalier. — Non, madame, et je vous dirai, sur la foi que je dois à vous et au roi mon seigneur lige, que je ne venais ici que pour en savoir des nouvelles. Rien