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les deux géants.

que vous entendez parler ? — Oh ! non. — De qui donc ? » Il ne voulut pas répondre à cette question, dans la crainte de nuire au compagnon qu’il avait perdu de vue, et il poursuivit son chemin. Peu de temps après, le bon chevalier arrive en face de la maison du roi. Des femmes lavaient leur linge dans la rivière : « N’avez-vous pas vu, leur demande-t-il, passer un chevalier ? — Nenni, nous ne faisons que d’arriver. » Mais la reine, qui avait entendu la demande et la réponse, abaissant de nouveau sa guimpe : « Sire chevalier, dit-elle à haute voix, celui que vous cherchez est entré dans la forêt. Ne perdez pas un moment si vous voulez le rejoindre. » Il lève les yeux et reconnaît la reine. À ces mots Ne perdez pas un moment, il pique son cheval des éperons sans répondre, mais sans détourner les yeux du visage de la reine. Le cheval qu’il ne dirige plus cède alors à l’envie de s’abreuver et descend dans la rivière. Le lit était profond, si bien que la bête enfonce et nage jusqu’à l’autre bord, défendu par les murs du palais. Elle revient, perd ses forces ; le souffle lui manque ; elle va disparaître avec celui qu’elle porte, quand la reine, qui suivait des yeux le Chevalier avec une attention presque égale, dit : « Sainte Marie ! au secours ! » Messire Yvain de Galles sortait pour aller rejoindre le roi : « Ah ! messire Yvain, lui dit-elle, voyez ce chevalier ; il va mourir s’il