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la joyeuse garde.

Le Chevalier, l’écu en avant, s’élance entre les épées qui pénètrent dans les mailles de son haubert jusqu’à l’épaule, d’où s’échappe un jet de sang ; il passe outre en tombant sur ses mains : malgré la douleur qu’il ressent de cette chute, il reprend l’épée tombée devant lui et continue d’avancer, toujours l’écu devant sa poitrine. Il arrive, ainsi à une troisième porte défendue par un puits[1] de sept pieds de long et de large, exhalant une odeur fétide, et d’où sortait un bruit effroyable. À la porte était un grand éthiopien, jetant par la bouche des torrents de flamme bleue, tandis que jaillissaient des charbons ardents de ses yeux. À l’approche du Chevalier, le monstre lève des deux mains une hache énorme, prête à retomber dès qu’il le verrait à portée.

Le Chevalier hésita un instant, le puits seul paraissant offrir un obstacle insurmontable. Cependant il se souvient du serment qu’il a prononcé, remet l’épée dans le fourreau, prend son écu par l’extrémité des guiches, et le lance de toute sa force au visage de l’éthiopien : la hache écartèle l’écu, mais elle y reste engagée. D’un grand élan, le Chevalier saute de l’autre côté du puits en levant les mains qu’il arrête sur le cou de l’éthiopien. Celui-ci fait de grands efforts

    donnait au cuivre une belle couleur d’or et d’outremer.

  1. Ici finit la lacune du bon masc, 337, fo 16.