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le chevalier traîné.

propres mains, que ne l’accusez-vous en cour ? ne redoutez-vous pas la reine, à laquelle il appartient ? — Il n’y a pas de reine qui m’empêche de venger ma honte. — C’est donc moi qui le protégerai : je le prends sous ma garde. » En même temps, il débande les yeux du patient ; l’autre recule, revient et reçoit dans les reins une pointe de lance qui l’abat mort aux pieds de son cheval. Ceux qui l’accompagnaient prennent la fuite et le Blanc chevalier présentant le cheval conquis à celui qu’il venait de venger : « Montez, dit-il, et suivez-moi. — Sire chevalier, si vous le trouviez bon, je gagnerais mon logis, pour me saigner et ventouser avant de retourner près de la reine. Et comment lui nommerai-je mon libérateur ? — Vous lui deviserez mon écu, cela suffira. » Ils se quittèrent, et quand la reine, à quelques jours de là, apprit de la bouche du chevalier ce qui lui était arrivé, elle n’eut pas de peine à deviner que le libérateur était encore le vainqueur de la Douloureuse garde.

On était au mois d’août, la sécheresse était grande. Chemin faisant, le Blanc chevalier rêvait profondément, et nous n’avons pas besoin de dire quel était le sujet de sa rêverie. Son cheval, qu’il ne dirigeait plus, entre dans un bourbier nouvellement desséché, pose les pieds dans une profonde crevasse, bronche, tombe et l’entraîne