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lancelot du lac.

porte au nez de madame la reine. Celui que vous menez en croupe est l’ennemi de notre sire le roi Artus. Comme homme du roi, je serais parjure de ne le réclamer pas ; laissez-moi le conduire à monseigneur Artus. » Le Blanc chevalier répond : « Celui-là n’est pas encore né qui me l’enlèvera. — Ce sera moi, pourtant. — Ne le touchez pas, ou je fais un tronçon de votre bras. — Eh bien ! que votre prisonnier descende, nous verrons qui méritera de le garder. — Il n’est pas besoin ; je le défendrai bien sans le mettre à terre. » Ils prennent alors du champ, reviennent l’un sur l’autre le glaive en arrêt. Mais Keu brise le sien sur l’écu du Blanc chevalier ; celui-ci l’atteint au-dessous de la selle, lui met le fer dans la cuisse et le jette lourdement à terre. Avant de s’éloigner : « Messire Keu, dit-il, vous pourrez dire si le champion de la dame de Nohan avait besoin de vous pour la défendre. »

Les gens du roi, qui avaient été témoins de la rencontre, relevèrent messire Keu et le transportèrent sur leurs écus dans sa tente. Pour le Blanc chevalier, il arrivait au Plessis et faisait jurer à Brandus, sur les saints de l’autel, qu’il lui rendrait les prisonniers. Brandus envoya aussitôt vers son sénéchal, avec ordre d’amener à l’ermitage tous les chevaliers retenus dans l’île. Dès qu’ils furent arrivés : « Sire, dit-il au