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la douloureuse garde.

XXI.



Un valet, frère de messire Aiglin des Vaux chevalier de la maison d’Artus, était là quand fut prise la Douloureuse garde ; il pensa que le roi en apprendrait volontiers la nouvelle et fit diligence pour arriver à Carlion où se trouvait la cour : « Sire, dit-il en abordant le roi, Dieu vous sauve ! J’apporte la nouvelle la plus étrange qu’on ait encore ouïe dans votre maison : la Douloureuse garde est conquise ; les portes en ont été franchies par un chevalier dont personne ne sait le nom. — Voilà, dit le roi, ce que tu ne feras pas aisément croire. — Sire, je dis ce que j’ai vu de mes yeux. »

En ce moment entra messire Aiglin des Vaux qui, voyant son frère agenouillé devant le roi, demanda ce qui pouvait l’amener à la cour. — « Aiglin, dit Artus, ce valet serait-il votre frère ? — Oui, sire roi. — Je suis donc tenu de le croire ; car on ne ment pas dans votre race. Quelles armes portait cet heureux chevalier ? — Sire, des armes blanches ; son cheval était également blanc. — Sire, dit Gauvain, n’en doutez pas c’est le chevalier nouvel, celui que vous avez adoubé de ses propres armes. »

Il y eut parmi les barons un grand mouve-