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la douloureuse garde.

Cette nouvelle affligea les habitants du château. Le seigneur châtelain avait seul le secret des enchantements, et seul pouvait arracher ses prisonniers aux tourments, aux terreurs qui, jour et nuit, leur rendaient la vie pire que la mort. Cependant ils conduisirent le Blanc chevalier au cimetière ménagé dans la direction opposée. Il entre et voit attachés sur le haut des murs un grand nombre de heaumes fermés, et sous chaque heaume, au bas de ces murailles, une tombe sur laquelle des lettres étaient tracées disant : Ci gît un tel, et vous voyez plus haut sa tête. Les tombes qui ne répondaient pas à des têtes ne contenaient que les premiers mots : Ci gîra… Parmi les autres, il y avait nombre de chevaliers de la cour d’Artus. Au milieu du cimetière, une grande lame de métal enrichie d’émaux et de pierres précieuses portait : Cette lame ne sera levée par l’effort d’aucun homme, si ce n’est par celui qui aura conquis le château ; il y trouvera son nom.

Maintes fois on avait tenté et toujours en vain de soulever la lame ; le sire du château, surtout, eût désiré connaître le nom de celui dont il avait tant à craindre. Le Blanc chevalier vit l’inscription et n’eut pas de peine à la lire, car il avait été mis aux lettres chez la Dame du lac. Après avoir regardé en tout sens la lame si fortement scellée que quatre hommes des plus forts n’au-