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le beau valet.

pes ôtées, le Beau valet s’avança vers le roi et pliant le genou : « Sire, dit-il, vous m’avez adoubé hier, et je vous en rends grâce ; maintenant je vous requiers un don : c’est de me charger du soin de porter secours à la dame de Nohan. — Bel ami, dit le roi, vous ne savez pas ce que vous demandez ; votre jeunesse ne pourrait porter un si grand faix. Le roi de Northumberland est fourni de chevaliers éprouvés, et le meilleur de tous sera chargé de soutenir sa querelle. Je ne voudrais pas confier le soin de le combattre à celui qui la veille était encore un simple valet. Non qu’un jour vous ne puissiez égaler en prouesse les plus renommés ; mais, croyez-moi, l’âge seul vous donnera ce qui doit encore vous manquer de force et de résolution. Et puis, vous avez déjà pris un engagement dont vous aurez assez de peine à vous tirer. — Sire, reprit le Beau valet, c’est la première demande que je vous adresse depuis ma chevalerie. Votre refus peut nous couvrir tous deux de honte car on dira que vous avez donné les armes à celui que vous n’estimiez pas capable d’entreprendre ce qu’un autre pouvait mettre à fin. »

Messire Gauvain et Yvain de Galles engagèrent alors le roi à ne pas persister dans son refus : « Puisque tel est votre avis, dit Artus, approchez, bel ami : je vous charge de porter