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le beau valet.

core de quoi rien monte, et vous vous engagez dans une entreprise devant laquelle avaient reculé les plus preux et les mieux renommés ! Vous courez à la mort, au lieu d’attendre de meilleures occasions de faire bien parler de vous. »

Tout en le reprenant ainsi, messire Yvain le ramenait dans la chambre du roi qui jetant sur le fils d’Urien un regard sévère : « Comment avez-vous souffert que ce valet remis en votre garde ait fait une telle imprudence ? N’est-ce pas grand dommage de voir un aussi jeune homme affronter de pareils dangers ? — Ah ! sire, dit le valet, mon jeune âge doit plaider pour moi. N’aimerez-vous pas mieux apprendre ma mort que celle d’un chevalier éprouvé ? Qu’ai-je encore fait et que puis-je valoir ? » Le roi ne répondit pas, et baissa la tête. La reine, à son tour, apprenant la grande aventure dans laquelle le Beau valet venait de s’engager, en gémit secrètement ; et quant au roi, le regret qu’il en eut lui fit oublier qu’il ne lui avait pas ceint l’épée, comme aux autres nouveaux adoubés.


XVIII.


Le jour de la Saint-Jean, le roi Artus était assis au dais de la grande table, entouré des