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l’adoubement.

mais suivit messire Yvain, en saluant le chevalier navré, qui de son côté souhaita que Dieu le fît prud’homme.

Les tables étaient mises et les nappes étendues : ils s’assirent au manger, puis messire Yvain revint avec le valet à son hôtel. À l’entrée de la nuit, il le conduisit dans une église où il veilla jusqu’au jour. Alors messire Yvain, qui ne l’avait pas un instant quitté, le ramena à l’hôtel et le fit dormir jusqu’à l’heure de la grand’messe, qu’il dut entendre avec le roi. Car, aux fêtes solennelles, Artus avait coutume d’assister au service de Dieu dans la plus haute église de la ville. Avant de s’y rendre on disposa les adoubements que le roi devait distribuer à ceux qui allaient recevoir chevalerie. Artus donna la colée[1] à cha-

    Il li demande, li vallés li tendi
    Et il en coupe un grant pié et demi.
    « Por coi le fais, biaus fis ? li peres dit,
    « A novel home est-il coustume ensi,
    « Que li traïne et le vair et le gris. »
    Et dist Rigaus : « Folle costume a ci ! »

    (Garin, t. II, p, 180.)

    On voit par le Lancelot, c’est-à-dire dès le douzième siècle, que la cérémonie de l’adoubement était simplifiée ; on ne se baignait plus, et les robes étaient probablement moins traînantes.

  1. Et non l’accolée comme on a dit plus tard par une sorte de confusion. Colée semble venir de colaphus, tape sur le cou.