Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 3.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.
130
lancelot du lac.

ment navré ? — Un chevalier que j’ai tué. — Pourquoi ne vous faites-vous pas déferrer ? — Parce que je n’ai encore trouvé personne assez hardi pour l’entreprendre. — Voulez-vous me permettre de l’essayer ? — Assurément, aux conditions que j’ai dites. » Le valet réfléchit un instant. « Venez, lui dit Yvain, ce n’est pas à vous de songer à pareille aventure. — Pourquoi ? — Les plus preux de la cour l’ont refusée, et, d’ailleurs, vous n’êtes pas chevalier. — Comment ! dit le chevalier navré, il n’est pas chevalier ? — Non, mais il le sera ce matin même et vous voyez qu’il en a déjà revêtu la robe[1]. Le valet ne sonna plus mot,

  1. La robe de chevalier différait de celle des écuyers, et le candidat à la chevalerie devait s’en couvrir avant de recevoir ses armes. Il faut voir dans Garin le Loherain la mauvaise humeur du bon vilain Rigaud, quand Begon l’avertit de prendre la robe fourrée de vair et de gris.

    « Or vous allés baigner un seul petit,
    « Et vous arés et le vair et le gris.
    « — A la maleure, Rigaus li respondi,
    « Por vostre vair qu’avés et vostre gris !
    « Or me convient baignier et resfreschir ?
    « Ne sui chéus en gué ne en larris… »
    Mantel ot riche et pelisson hermin,
    Qui li traîne demi pié acompli.
    Rigaus le voit, pas ne li abeli.
    Devant lui garde, un damoisel choisi
    Qui coutel porte por chevaliers servir :