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lancelot du lac.

frère le roi Bohor était trop malade pour le seconder. Un jour il offrit de le laisser sortir pour se rendre en Grande-Bretagne, à la condition que, si dans quarante jours il n’était pas de retour, ou revenait sans avoir obtenu de secours, le château serait rendu. Ban hésitait, et Claudas, qui pratiquait volontiers les traîtres, tout en ne les aimant pas, parvenait à gagner Aleaume, le sénéchal de Benoïc, en s’engageant à l’investir de ce royaume, dont il lui ferait l’hommage. Un jour le roi Ban prit en conseil un loyal chevalier, nommé Banin, son filleul, et le sénéchal ; il leur exposa les offres de Claudas ; le sénéchal insista fortement pour en montrer les avantages. « Artus, disait-il, bien que fort occupé des Saisnes et de ses hauts barons, ne refusera pas de vous venir en aide. La garnison de Trebes tiendra jusqu’à votre retour, et Claudas, à l’approche des Bretons, lèvera le siège, trop heureux de regagner la Déserte. »

Ban se rendit à ces raisons : il avertit la reine, et, suivi de deux écuyers, l’un pour tenir l’enfant, l’autre pour conduire les sommiers chargés du trésor de Benoïc, ils passèrent la porte, franchirent le pont abaissé, et ne trouvèrent personne qui tentât de les arrêter.