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les enfances.

Ils rentrent à Gannes pénétrés de la plus vive douleur. « Quelles nouvelles ? » leur demande Pharien. — « Mauvaises. Nous n’aurons pas la paix si nous ne consentons à livrer Lambègue. – Et qu’avez-vous répondu ? – Que je ne serai jamais, dit Léonce, d’un conseil où l’on s’accorderait à sacrifier le chevalier qui nous a le mieux défendus. » Pharien assemble alors les bourgeois de la ville, et tous, sans hésiter, approuvent le refus de Léonce de Paerne. « On ne nous blâmera jamais d’avoir acheté notre salut à si haut prix. Il faut aller attaquer l’ost de Claudas ; que Dieu nous soit en aide, et qu’au moins nous vendions chèrement nos vies ! »

Pharien, touché de tant de loyauté, les remercie et remonte à la tour. Là, tristement appuyé sur les créneaux, en face de la prairie couverte des pavillons de Claudas, il comprend mieux encore que la résistance sera vaine, que les hommes de la cité sont en trop petit nombre, et cependant trop nombreux encore pour les faibles provisions qui leur restent. Ses larmes coulent en abondance, les soupirs gonflent sa poitrine. Au même instant Lambègue qui, le voyant gémir penché sur les créneaux, craint de le troubler, approche doucement pour l’entendre sans être vu. « Ah ! disait Pharien, « bonne cité si longtemps honorée, hantée de tant de prud’homes ; siége