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lancelot du lac.

n’est plus mon homme, et je n’ai pu m’entendre avec lui. Or voici les conditions que je veux bien vous accorder : par les saints de votre ville ! si vous les refusez, vous n’obtiendrez de moi aucune merci. Jurez que vous n’avez pris aucune part au meurtre de mon fils Dorin, et livrez-moi un seul des vôtres, pour en faire ma volonté. »

Les barons, en entendant parler ainsi Claudas, furent émus de joie et de douleur : de joie, par l’espérance d’un prochain accord ; de douleur, en pensant qu’il fallait l’acheter par le sacrifice d’un des leurs. « Sire, dit Léonce de Paerne, nous avons entendu vos paroles, et peut-être nous y accorderons-nous, quand nous saurons le nom du chevalier qui doit vous être livré. — Je vais vous le dire : c’est Lambègue. — Ah ! Sire, cela ne peut être ; nous ne livrerons pas le meilleur chevalier de ce royaume. À Dieu ne plaise que la paix soit achetée si chèrement ! Quand tous y consentiraient, je refuserais encore. — Et vous autres, reprit Claudas, laisserez-vous renverser votre ville de fond en comble et mettre à mort tous les habitants, chevaliers et bourgeois, pour ne pas livrer un seul homme ? — Nous suivrons tous, répondent-ils, le conseil de Léonce de Paerne. — Retournez donc d’où vous êtes venus, et n’attendez de moi paix ni trêve. »