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lancelot du lac.

« — Je vous le répète, sire, les gens de Gannes sont sous ma garantie ; je vous demande, comme votre homme, de ne pas pourchasser ma honte. S’ils ont mal fait envers vous, entendez-les ; ils sont prêts à faire amende.

— Je ne veux rien entendre. Le meurtre de mon cher fils Dorin réclame vengeance ; si je ne la poursuivais, je serais tenu pour honni par mes barons de la Déserte. »

Pharien dit alors : « Sire Claudas, tant que vous avez eu besoin de mon service, je ne vous l’ai pas refusé ; aujourd’hui que vous n’avez plus égard à mon conseil, je déclare renoncer à votre fief ; ailleurs serai-je peut-être mieux écouté. Et vous, seigneurs barons de la Déserte, qui penseriez votre roi honni s’il daignait pardonner à ses hommes de Gannes, nous verrons de quel secours vous lui serez. Vous ne parliez pas ainsi, quand, à la porte même de son palais, j’arrêtai le glaive qui allait le frapper à mort. Grâce à Dieu, nous avons dans la ville assez de chevaliers pour vous bien recevoir. En attendant, si quelqu’un veut soutenir ici que les barons de Gannes sont indignes de pardon, je le défie, et suis prêt à lui faire confesser le contraire. »

Nul ne répondant au défi : « Roi de Bourges, reprend-il, je ne suis plus votre homme, je suis dégagé de tout devoir envers vous ; que vos ba-