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ARTUS LÈVE L’ÉPÉE.

obscure. L’archevêque avertit alors Artus de replacer l’épée sur l’enclume, et l’enclume se rapprochant aussitôt de la lame, le prélat invita les barons à faire tour à tour un nouvel essai. Ils ne parvinrent pas mieux à ébranler l’épée, et s’inclinèrent en demandant seulement que l’épreuve fût recommencée à la prochaine Chandeleur. « Car il nos est moult estrange que uns garçons soit sire de nous ! » L’archevêque y consentit. Les essais se renouvellèrent donc à la Chandeleur, et donnèrent le même résultat. Artus seul leva l’épée qu’il remit aux mains de l’archevêque. Les barons insistèrent encore ; ils reconnaîtront dans Artus l’élu du Seigneur, si d’ici aux Pâques prochaines personne ne vient à bout de l’épreuve aussi bien que lui. Les Pâques arrivent ; et quand Artus a de nouveau levé l’épée, les barons, prenant à part l’archevêque, lui déclarent qu’ils se soumettent à la volonté de Dieu, et consentent à élire Artus, mais à la condition que le sacre soit renvoyé à la prochaine Pentecôte. Artus jouirait, en attendant, de tout l’exercice de l’autorité royale ; et s’ils venaient, dans l’intervalle, à reconnaître que le nouvel élu ne possède pas les qualités nécessaires à un roi, ils pourraient déclarer nulle une élection que le sacre n’aurait pas sanctionnée. Ce passage est curieux. « Lors dirent : Sire nous véons bien