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MERLIN.

solitude ! Comment a-t-il pu lui-même échapper au service qu’il nous devait ? »

Un démon, élevant alors la voix : « Je sais l’origine de nos revers : nous avons perdu notre cause en croyant la rendre meilleure. Rappelez-vous les paroles dont nous ont longtemps fatigué les prophètes : Le Fils de Dieu, disaient-ils, descendra sur la terre ; il apaisera la querelle commencée par Adam ; il sauvera ceux qu’il lui plaira de sauver. Hélas ! ils annonçaient ce qui est arrivé. Leur Sauveur est venu, qui nous a ravi des âmes à son choix et les a reconquises. Nous aurions dû le deviner, le prévenir peut-être. Leur Sauveur a fait plus : il efface le péché pris dans le flanc maternel, par le moyen de je ne sais quelle eau qu’il leur jette au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Nous perdons ainsi tous nos droits, à moins que d’eux-mêmes ils ne reviennent à nous. Pour comble de malheur, il a laissé sur la terre des ministres qui ont pouvoir d’effacer les iniquités successives, si l’on vient à se repentir de les avoir commises. Ainsi les hommes peuvent toujours nous échapper. Est-ce là de la justice ? Oh ! comme il a dû subtilement ouvrer, et quel amour ne lui ont pas inspiré ces hommes, pour le décider à prendre chair au milieu d’eux, afin de les racheter ! Quand