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UTER ET YGIERNE.

les conseils qu’ils réclament, lui et le roi, de leurs vassaux respectifs ; enfin la satisfaction offerte par le roi, tout cela représente exactement le jeu de l’ancienne législation. On pèse la position de la partie lésée : la duchesse a deux filles, elle a perdu les moyens de les bien établir ; le duc avait des parents auxquels la mort du duc portait dommage, ils ont droit à une compensation : c’est en suivant toutes les formes de la procédure féodale que le roi voit ses vœux les plus chers accomplis.

Assurément, cette histoire de la conception d’Artus est peu édifiante ; c’est une légende renouvelée du Livre des Rois et de la comédie gréco-latine d’Amphitryon. Toutefois le sentiment moral est ici, je ne dirai pas mieux respecté, mais moins blessé. Dans le Livre des Rois, David, ayant vu la femme d’Urie, un de ses plus braves guerriers, qui se baignait devant les fenêtres de son palais, la trouve belle, la fait venir et dort avec elle. Il écrit ensuite à Joab, chef de son armée : « Mettez Urie à la tête de vos gens, où le combat sera le plus rude, et faites en sorte qu’il soit abandonné et qu’il y périsse. » Joab fait ce qui lui est demandé, Urie est tué, et David épouse Bethsabée.

Dans la fable païenne, le grand Jupiter abuse lâchement de sa toute-puissance pour prendre la figure d’Amphitryon, et pour séduire, avec