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UTER ET YGIERNE.

de foible cuer et de lasche, quant vous cuidiez morir por l’amor d’une femme. Mais faites querre Merlin, il ne porroit pas estre qu’il ne vos séust aucun conseil doner, se vos li doniez tout à devise quanques ses cuers vouroit. »

La difficulté était de trouver Merlin car il avait recommandé au roi de ne pas essayer de le faire venir, lui-même sachant quand il lui conviendrait d’arriver. Un jour, au milieu du camp, Ulfin fait rencontre d’un inconnu qui demande à lui parler à l’écart. « Je suis, » lui dit-il, « un vieil homme : on me tenot assez pour sage dans ma jeunesse. J’arrive de Tintagel où j’ai appris d’un prud’homme que votre roi aimoit la femme du duc ; si vous me promettiez une bonne récompense, je vous conduirois à celui qui sauroit bien conseiller le roi de ses amours. »

Ulfin va conter cette rencontre au roi qui, le lendemain, accompagne Ulfin au rendez-vous du vieil homme. Comme ils sortaient du camp, ils aperçoivent un boiteux, en apparence aveugle, lequel s’écrie à leur passage : « Roi, Dieu te donne ce que tu désires le plus ! et accorde-moi la chose que tu as le plus en gré. » Le roi s’adressant à Ulfin : « Serais-tu disposé à faire beaucoup pour moi ? — Tout, jusqu’au mourir. — Eh bien ! approche de