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UTER ET YGIERNE.

d’en adresser à la duchesse[1]. Elle ne put trouver de raisons pour les refuser, tout en soupçonnant les véritables intentions du roi.

Les fêtes terminées, le roi reconduisit assez loin le duc de Tintagel, et ne manqua pas de lui donner les marques d’amitié les plus flatteuses ; puis, s’approchant d’Ygierne, il dit assez bas qu’elle emportait son cœur avec lui. La dame ne fit pas semblant de l’entendre. Aux réunions suivantes, Uter n’eut pas lieu d’être plus satisfait mais cet amour le préoccupait tellement qu’il ne put s’empêcher d’en parler à deux de ses plus privés serviteurs. Ulfin[2] lui dit : « Sire, vous entreprenez une tâche qui demande grand secret. Si vous allez à la demeure de la dame, vous risquerez d’être blâmé, il vaut mieux tenir d’autres grandes cours et inviter vos barons à venir passer à Carduel quinze jours, eux, leurs femmes et toute leur suite. »

Mais, à la prochaine réunion, la belle Ygierne prit grand soin d’éviter le roi. Elle se tenait au milieu des dames ; Uter-Pendragon ne gardait

  1. Geoffroy de Monmouth ne dit pas si la duchesse accueillit ou non l’amour du roi. Gorlois s’en aperçoit, sans qu’elle lui en ait parlé, et la jalousie le décide à quitter la cour. Robert de Boron a senti qu’il fallait jeter plus d’intérêt sur celle qui devait mettre Artus au monde.
  2. Ulfin de Ricaradoc (G. de M.).