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MERLIN.

col, et pendra et noiera. Et qui vivra, il le verra. Et cil se lieve en son séant, et dist au roi : Sire, or poez-vous bien cognoistre sa folie ; car il ne set ce que il dit. Comment porroit ce estre que il poïst dire que le jor que je morrai, je me briserai le col, et que pendrai et que je noierai ? Or esgardez, sire, se vos estes sages, qui tel home créez et faites seignor de vostre conseil. Et li rois respont : Je nel mescrerai tant que je saiche de quel mort vos morrois. »

Cette histoire que Robert de Boron avait également empruntée à la Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth est célèbre. Longtemps après, le prud’homme, chevauchant en grande compagnie, vint à traverser un pont de bois jeté sur une grande rivière ; son cheval fait un faux pas, et le cavalier, lancé en avant, tombe et se brise le cou. Le corps tourne de telle manière que le manteau s’embarrasse dans une des pièces du pont ; l’homme est retenu par les pieds tandis que sa tête demeure plongée dans la rivière. Le bruit de l’aventure fut grand. Pour Merlin, après avoir reproché aux deux princes la complaisance qu’ils avaient montrée pour des envieux, il déclare que les questions qu’on ne cesse de lui adresser lui déplaisent et le fatiguent ; à l’avenir il ne fera plus que des prédictions dont on ne reconnaîtra le sens qu’après leur accomplissement. « Je ne parlerai plus devant le