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LE ROI ARTUS.

êtes le dernier homme auquel je parlerai. Quand vous aurez quitté ce lieu, vous pourrez tenter d’y revenir, mais vous n’y parviendrez pas. Retournez en Grande-Bretagne, saluez-moi le Roi, la Reine, tous les barons ; racontez-leur mon aventure. Vous les trouverez à Carduel-en-Galles, où reparaîtront en même temps que vous les dix chevaliers qui sont allés en quête de ma retraite. Consolez-vous du changement que votre corps a subi ; vous rencontrerez bientôt la demoiselle qui vous a joué ce mauvais tour. Mais, au moins, n’oubliez pas de la saluer. — Je n’y manquerai pas, s’il plaît à Dieu. »

Gauvain s’éloigna, le cœur rempli de joie et de regrets, heureux de l’espoir de retrouver sa première forme, triste d’avoir pour jamais perdu la compagnie de Merlin. Il vint à la mer, repassa dans l’île de Bretagne et se dirigea vers Carduel-en-Galles, en passant par la forêt dans laquelle il avait pour son malheur oublié de saluer la demoiselle. Il se souvint alors de la recommandation de Merlin, et, ne voulant pas s’exposer encore à manquer de courtoisie envers les dames, il ôta son heaume pour mieux voir autour de lui. Arrivé dans l’endroit de la première et funeste rencontre, Il distingua, derrière une touffe épaisse de buissons, deux